RAPPELONS-NOUS DEBUT 1944.

 La bataille relatée ci-dessous concerne surtout Buron et les alentours, à la frontière des terres de Villons. Ce document a déjà été publié dans le bulletin municipal n°26 de Février 1994, à la veille du cinquantième anniversaire du débarquement. Celui-ci permet à chacun de vous par ailleurs de découvrir l’origine de certaines rues de notre commune.

L’original du texte étant un document vieilli, et peut-être même traduit, nous vous demandons d’être indulgent quant à la grammaire et à l’orthographe.

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LES CANADIENS FACE A BURON

Par Dominique Barbé, éditions Daniel Lelarge

 

Buron, début 1944

C’est avec une activité défensive, qui quatre ans auparavant aurait été impensable, que les habitants de Buron-Saint-Contest voient débuter cette année 1944.

Les augures sont plutôt sombres, effectivement l’occupant allemand a la main lourde et les tracasseries, les privations se font de plus en plus ressentir, sur une population française déjà privée de tout.

Depuis mars, le commandement allemand a décidé de renforcer ses défenses côtières, afin d’y créer une vigilance particulière, notamment dans la zone côtière interdite dans laquelle la commune est incluse. Les habitants sont contraints de posséder un laisser passer pour se rendre à Caen, mais surtout pour en revenir. Les réquisitions de toute nature se multiplient et monsieur Marie, maire de l’époque, doit faire face aux douloureuses exigences de l’occupant tantôt une liste d’hommes pour monter la garde sur les voies ferrées, tantôt une autre - sans distinction de sexe - pour creuser le fameux fossé anti-char, imaginé par le haut commandement allemand pour entraver, en cas de débarquement, mais surtout de pénétration avancée des alliés dans les terres, leur progression vers l’objectif, par excellence l’aérodrome de Carpiquet. Buron est tout naturellement sur la route de Carpiquet et, à ce stade de 1944, les Allemands décident déjà - si une telle situation devait se présenter - que c’est à cet endroit que devraient être stoppés puis fixés les alliés. L’avenir leur donnera raison pour un temps, mais en plus de ces turpitudes, mars 1944 voit l’arrivée des troupes de garnison dont les éléments sont répartis en groupes, logés chez l’habitant. Buron est à cette période occupée par la 6e compagnie du 192e Régiment de Panzer-Grenadière bat, unité de la 716e division qui tient tout le secteur côtier.

Le village avant-guerre était un petit hameau coquet de Saint-Contest pas très passager, possédant en son centre un château avec une tour carrée, entouré d’un parc boisé, fermé de grands murs de pierre avec une porte principale massive ouvrant sur la route de Creully. Le carrefour était déjà un lieu de commerce avec un café-épicerie, une boulangerie et la place de la Mare était charmante, avec - comme son nom l’indique - un point d’eau en son centre. Somme toute, un petit village bien tranquille, que rien ne pouvait laisser présager comme le futur lieu d’une des plus grandes batailles de Normandie, dont le nom résonnerait très loin de par le monde, dans tous les communiqués de guerre, de la proche Angleterre au lointain Canada.

La nuit du 5 au 6 juin voit passer au-dessus du village des vagues incessantes de bombardiers dans d’assourdissants vrombissements de moteurs qui, après avoir arrosé les défenses côtières, viennent à présent pilonner Caen. La nuit se passe ainsi à scruter le ciel, illuminé par endroits d’immenses brasiers allumés par l’aviation anglaise. L’accalmie arrive vers le matin, mais de courte durée, car soudainement la terre se met à trembler de nouveau, cette fois-là différemment, l’enfer ne vient plus du ciel mais de la mer. A présent, le spectacle est hallucinant et si c’était vrai si cette fois, c’était le grand jour, le débarquement tant attendu 7. Le ciel sur la côte est une immense barre de feu, traduisant la force de destruction extraordinaire qui s’abat sur le rivage normand. Dans une indescriptible précipitation, entrecoupée d’ordres hurlés, les fantassins allemands embarquent rapidement dans leurs camions, vers 5 heures du matin, direction la côte.

Le jour se lève sur ce matin du 6 juin, la bataille fait rage dans le lointain mais semble toutefois se rapprocher sensiblement; les bruits d’explosion sont plus proches et on devine à présent les tirs d’amies individuelles.

La journée du 6 juin ne voit rien de très concret pour Buron, si ce n’est d’incessants va et vient. Dans l’après-midi, apparaissent dans Buron de très nombreux jeunes combattants. Un convoi de véhicules divers, dont de nombreux engins chenillés, précédés par un char, empruntent la route de Villons. Les soldats, encore jeunes, semblent très émus; la peur et parfois les larmes se devinent dans leur regard. Ils sont commandés par des officiers au visage impénétrable. La colonne s’estompe à l’horizon, direction l’enfer.

Sur la côte, pendant que les 7e et 8e brigades canadiennes, appartenant à la 7e division d’infanterie canadienne commandée par le général R.F.L. Keller, s’avancent en combattant vers l’intérieur les bataillons de la 9e brigade dite de réserve, commencent à descendre, effectivement sur la plage de Bernières-sur-Mer vers 11 h 40. Les plages sont complètement encombrées, retardant les déplacements de la brigade. La zone de rassemblement est prévue près de Bény mais ce n’est que vers 16 h 05 que le North Nova Scotia Highlanders, bataillon de tête commandé par le lieutenant-colonel Petch, accompagné du Sherbrooke Fusilier Regiment, unité blindée de la brigade, font halte aux abords du village, suivis des autres bataillons, le Stormont Dungas Glengarry Highlanders (Lt. Col, Christiansen) et le Highland Light Infantry of Canada (Lt. Col. F.M. Griffiths). Le Sherbrooke, pour sa part, est commandé par le Lt. Col. Gordon.

A 18 h 30, le North Nova Scotia et le 27e régiment blindé constituent l’avant-garde de la brigade et quittent la zone de rassemblement pour pousser au-delà du régiment de la Chaudière en direction du sud. Dans le voisinage de Colomby-sur-Thaon, le Nova Scotia se heurte à une opposition qui, bien que peu violente, cause de nouveaux retards. Entre-temps, l’avant-garde est arrêtée par une nouvelle résistance à Villons-les-Buissons. Il devient clair que les unités d’avant-garde ne peuvent atteindre leur objectif de la région de Carpiquet avant l’obscurité. Elles reçoivent donc l’ordre de se retrancher pour la nuit, là où elles se trouvent et d’établir une forteresse dans la région Anisy Villons-les-Buissons. Les autres bataillons de la brigade sont toujours dans la zone de rassemblement à Bény.

En fin d’après-midi, le village de Buron s’est totalement vidé des fantassins de la Wermacht. Leshabitants ne savent rien des nouvelles du front, si ce n’est que les combats doivent être très durs, à en juger par la tenue et l’air harassé des estafettes allemandes de retour des combats qui rapportent que « les Panzers de Buron n’existent plus, tous kaputt depuis le matin ».

Le soir du 6, les Canadiens ont atteint Villons, donc, marquant l’arrêt, prêts à bondir vers l’objectif du lendemain, l’aérodrome de Carpiquet, distant seulement de quelques kilomètres.

Des éléments avancés sont déjà au fossé anti-char, qu’ils occupent dès le soir. La route a été sauvegardée, le génie allemand n’a pas eu le temps de la détruire, réduisant considérablement l’efficacité de l’ouvrage.

Dans la soirée, arrivent de nouveaux éléments de Panzers qui prennent position dans Buron. Monsieur Zerzinguer, Alsacien habitant le village, traduit l’étonnement de l’officier-commandant, de trouver encore des civils présents dans le village. Ce dernier leur conseille vivement de partir pendant qu’il est encore temps, répétant à plusieurs reprises : « Civils fill morgen, kaputt ».

La nuit est entrecoupée d’escarmouches sporadiques, provoquées par des attaques individuelles, d’éléments allemands restant encore en place, mais déjà c’est l’annonce d’une lutte qui va être brutale et sans merci.

Le matin du 7 juin, les chars Stuarts de reconnaissance du Sherbrooke s’élancent à travers la plaine, suivis des chenillettes du groupe d’avant-garde du North Nova Scotia, puis des chars Shermans du S.F.R. sur lesquels sont grimpés deux compagnies du Novas, puis un peloton de mitrailleuses du Cameron Highlanders of Ottawa et enfin une troupe d’appui anti-char et deux sections d’assaut de sapeurs du Génie Royal Canadien. Se serrant un instant dans l’étroit goulot que forme la route traversant le fossé, cet élément d’assaut se développe à travers la plaine découverte et progresse vers Buron. L’objectif est net, la progression aisée; au début de l’avance, l’opposition est légère, se bornant à quelques tirs sporadiques mais elle se raffermit à mesure que la tête de l’avant-garde s’approche du village. C’est alors que les tirs d’artillerie s’abattent sur les Canadiens. Les observateurs allemands commandent aisément ces tirs avec une grande précision, faisant soupçonner deux endroits, d’une part la tour carrée du château, d’autre part le clocher de l’église de Saint-Contest. Un ordre est donné aux chars du Sherbrooke : réduire au plus vite avec leurs canons ces deux observatoires, ce qui est engagé aussitôt. Tandis que des chars prennent la tour à partie, un escadron roule vers Saint-Contest et commence à tirer sur l’église, endommageant gravement ce magnifique édifice du XIe. siècle, pur chef-d’oeuvre de l’art roman-normand. Bloqués devant Buron, aplatis derrière les chars ou à l’abri des premiers murs de pierre encadrant les vergers, les Novas attendent. A présent, les tirs d’armes lourdes automatiques font pleuvoir leurs grêlons, imposant une stricte immobilité aux Canadiens. Cette situation ne pouvant s’éterniser, le Lt. Col. Petch commande alors au Capt. Gray de « nettoyer » ces francs-tireurs qui retardent la progression. La mission est ardue, car la configuration des lieux permet aux Allemands la meilleure des protections. Effectivement, il leur a suffi de se retrancher derrière les murs des vergers, qui sont en pierres, et de les percer d’une multitude de meurtrières, encore visibles de nos jours pour transformer le terrain en place forte.

A l’époque, l’entrée de Buron, venant de Villons-les-Buissons, est constituée par ces vergers entourés de murs de pierre sur la gauche du village, ainsi qu’une raison toute en longueur, offrant un rempart idéal. Sur la droite de la route, même configuration, murs de pierre percés de meurtrières crachant la mort. C’est au Sergent Layton Oliver Shurman et à son groupe d’avant-garde qu’est dévolue la tâche de progresser. Ils s’en acquitteront en capturant deux Allemands dans une tranchée creusée dans le jardin de la maison de monsieur G. Barbe. Un capitaine blessé à la jambe et un adjudant, qui leur donneront de précieux renseignements. Sur les indications de monsieur Barbe, ils font taire l’un des canons qui aboie au bout du jardin et assure l’ouverture pour permettre au reste des forces d’avancer.

Buron tombe enfin vers 11 h 50, après un premier engagement pas trop meurtrier. Le village est investi. Une trentaine d’Allemands, réfugiés dans l’abri du parc du château, se rendent sans combat. D’autres également convergent par petits groupes, sous bonne garde, vers le carrefour où ils sont tous rassemblés. La colonne de prisonniers s’ébranle, mains sur la tête, direction Villons. Au carrefour, un side-car allemand est immobilisé, ses deux occupants semblent dormir ; plus loin, un sergent canadien git sur le flanc dans un fossé sur la rue d’Authie : il est coupé en deux par une rafale d’arme lourde automatique. Sur la place, dans une grange, un camion allemand avec tout son équipage gisant autour, tous tués par un obus tombé de plein fouet, et ainsi de suite. La liste des premières pertes humaines est longue dans Buron.

Les habitants terrés dans un réseau de tranchées près de la place de la Mare, et les autres qui se sont abrités dans leur cave ou leur grange, voient apparaître pour la première fois les fameux Libérateurs. Le mot Canada cousu sur leurs manches éclaire les coeurs d’une sympathie encore plus forte.

On voit à présent défiler le long des rues, en colonne, mitraillette à la main ou fusil en bandoulière, le visage noirci par les combats, ces fantassins à l’uniforme couleur de terre fraîchement remuée, portant, enfilée sur le tout, une veste de cuir à manches coupées, typiques de ces troupes canadiennes d’avant-garde et couverts d’un casque plat camouflé de branchages.

L’heure est à la joie de la libération : cigarettes, chocolats, conserves, tout y est ; on songe même à tenter d’éteindre les incendies.

Poursuivant sa route, la progression canadienne parvient à Authie, qu’un message signale vers 13 h 00, comme étant entre nos mains ! . Les unités les plus avancées sont à Franqueville et même la route de Bayeux est atteinte. De cet endroit, on peut voir très nettement l’objectif qui est si près : l’aérodrome de Carpiquet ! En se tournant vers la gauche, on distingue encore plus facilement un magnifique édifice religieux, en pierres de Caen, qui se dresse magistralement dans la plaine, entouré de grands murs de pierres, très hauts, clôturants parfaitement l’ensemble : c’est l’abbaye d’Ardennes.

Les yeux rivés à ses jumelles, le sourire aux lèvres, c’est d’une des tours précisément de cet antique monument, merveilleux poste d’observation, que le général S.S. (encore que colonel) Kurt Meyer épie l’avance canadienne sur Authie. Tout semble se dérouler comme il l’avait prévu : ils sont en train de se jeter tout droit dans la gueule des jeunes loups du Führer. Car, en effet, un observateur attentif aurait pu relever une inhabituelle agitation dans l’enceinte de ce monument, ou encore, remarquer l’étrange immobilité de certaines haies boisées ou même ces branchages qui, en y regardant de plus près, se confondent avec les tenues camouflées très naturelles, appelées des lames de couteau, aux yeux brillants d’une lueur étrange. Depuis l’aube, les jeunes grenadiers S.S.. de la 12e PZ S.S. division « Hitler-Jugeng » n’attendent que ce moment, avec l’impatience tranquille mais résolue du rapace guettant sa proie. Au 6 juin. le PC. divisionnaire est à Acon, à l’est de Verneuil-sur-Avre. A l’aube, la division, jusque-là en réserve de l’OKW, passe sous le contrôle du groupe d’armée à Rommel. Elle doit se regrouper à l’est de Lisieux. Le 12e régiment blindé S.S. doit se scinder en deux. Son premier bataillon accompagnant le 26e S.S.-PZ grenadière Rgt, le deuxième se regroupant avec le 25eS.S.-PZ grenadière Rgt. Vers 15 h 00, l’ordre a été donné à la division « -J » de se rassembler à l’ouest de Caen pour une contre-attaque. Les diverses unités de la division prennent leurs positions dans la soirée du 6 et la nuit du 7. Le 2° S.S.-PZ Rgt 12 du commandant S.S. Prinz n’arrive que vers 10 h 00, le matin du 7 juin. Encore, le bataillon n’amène-t-il que 50 PzKpfw (lire Panzerkampfwagen), le reste suivant en deuxième échelon. Les jabos harcèlent les colonnes, les retardent d’une façon certaine. Le 1er S.S.. Rgt PZ 12 du commandant S.S. Jurgen est toujours sur la rive droite de l’Orne, sans carburant. Les obus de marine transforment Caen dans le courant de la nuit. La division est en grande partie constituée de jeunes soldats. Un état nominatif d’un des bataillons de Panzer Grenardière permet d’attester qu’au moins 65 % d’entre eux sont âgés de 18 ans et 3 % seulement (presque tous les officiers et Sous- officiers) ont plus de 25 ans. Le commandant Meyer n’a que 34 ans, Max Wunsche, lui, n’en a que 30.

La division va révéler, à l’action, les caractéristiques que son effectif laisse prévoir témérité et détermination, jointes à un degré de cruauté qu’on ne trouve peut-être dans aucune autre formation. Meyer arriva évidemment dans la région de Caen avant le gros de ses troupes et vers minuit, il y a une conférence avec le général Pichter, au quartier général de la 716e division situé à la limite nord de la ville, dans les anciennes carrières. Puis Meyer passa le reste de la nuit du 6 au 7 à reconnaître le terrain. Il arrive tard à Buron où il se rend jusqu’à la limite du village face à Villons. Sur une carte dressée dans la cuisine d’une maison, il lance les bases de sa contre-attaque. Il est accompagné par un autre officier supérieur, peut-être s’agit-il de Max Wunsche.

Il est environ 13 h 00. Les Allemands voient défiler enfin, à quelques centaines de mètres d’eux, ces adversaires invisibles qu’ils ont cherché à accrocher depuis le milieu de la nuit. Ils sont là, avançant lentement dans la plaine, cherchant l’ombre d’une haie pour s’y camoufler un instant avant de poursuivre. Ils sont là, à une portée de fusils et à la merci d’un ordre d’attaque.

Les blindés canadiens longent à présent les maisons de Franqueville, sans soupçonner la présence des grenadiers et des blindés. Le contact radio est permanent avec les chars, Une compagnie de PzKpfw 4 est près de l’abbaye, une autre à 1,5 km à gauche, au sud du hameau de Franqueville. Les PzKpfw 4 sont maintenant à quelques centaines de mètres des Canadiens, les moteurs tournent. Max Wunsche, le micro à la main, ne donne toujours aucun ordre. Panzer Meyer donne enfin le signal. Les yeux bleus de Wunsche lancent de terribles éclairs, Son hurlement fait presque trembler les pierres médiévales de l’abbaye : « Achtung ! Panzer... Maarrsch !... »

L’écho se répercute dans les rangs et dans les radios de bords des blindés et ce sont eux qui ouvrent les hostilités. Le duel commence entre le standard den Führer S.S. K, Meyer et les Canadiens de la 9° brigade. 
Vers 13 h 30, les premiers obus sifflent aux oreilles des Canadiens, alors que le bruit rugissant des moteurs et des grincements de chenilles des blindés allemands se font entendre dans la plaine. L’assaut soudain est brutal et inattendu, les Panzergrenadières bondissent derrière les blindés de Wunsche. Le paysage de Franqueville s’illumine. Le char canadien de tête est touché de plein fouet. Son équipage a le temps d’ouvrir les écoutilles, de sauter à terre et de l’abandonner en courant. Il s’embrase d’abord puis explose. Un second char puis un troisième sont atteints. Tous les équipages n’ont pas la même chance. Certains brûlent avec leur char, d’autres sont mitraillés sans pitié, tandis qu’ils essayent de s’enfuir à travers la plaine. Les cars des Sherbrooke font volte-face, leurs chenilles arrachant de larges plaques d’herbes grasses. Les tourelles pivotent rapidement, les canons ajustent leurs tirs et se mettent à aboyer sauvagement. Un PzKw 4 flambe à son tour. Le vacarme est indescriptible. Les fantassins s’enterrent rapidement pour tenter de faire face à la fureur de l’assaut mais c’est peine perdue; la force allemande est trop puissante. Le soutien de l’artillerie, ou de nouveaux renforts, est impossible. L’unité est trop avancée et le gros des troupes patauge dans les encombrements. Les mitrailleuses du Cameron Highlanders 0f Ottawa ont une puissance de feu rageuse, mais insuffisante contre les blindages.

Arrivé entre temps à Buron, le Lt. Col. Petch a installé son PC à bord de sa chenillette, au carrefour du village. Tenu au courant par sa radio de bord de l’importance de la contre-attaque, il décide rapidement d’ordonner la retraite mais il est déjà trop tard. Les deux compagnies de tête du 35erégiment de Panzegrenadière S.S. contournent Authie pour pousser l’avance sur Buron, laissant à la 3ele soin de capturer Authie.

Le Sherbrooke Fusilier Régiment livre un farouche engagement avec les chars du 12e régiment blindé S.S. au sud de Buron. Un certain nombre de Panzers flambent devant Buron, mais aussi beaucoup de Sherman. Une concentration d’artillerie rappelant Verdun écrase Buron. Le commandant du 25e régiment de Panzer grenadière S.S. constate que les chars du PZhgt 22 n’ont toujours pas bougé sur la droite à Couvrechef. Les habitants de Buron, atterrés, entendent à nouveau siffler les premiers obus de la contre-attaque, au- dessus de leur tête. Tout le monde rejoint précipitamment les tranchées creusées près de la place de la Mare. La bataille fait rage. Les Canadiens refluent en désordre vers le village, certains sont couverts de sang, l’uniforme en lambeaux. Comme en pareil cas, des situations imprévisibles se créent : ce Nova Scotia grièvement blessé qui tombe dans la tranchée des civils puis peu de temps après un Allemand également blessé, dans la même tranchée, soigné par les civils avec les moyens du bord.

La maison de monsieur Prével est transformée en infirmerie où blessés et agonisants hurlent et gémissent de douleur. Les maisons du village s’illuminent les unes après les autres d’incendies que personne ne peut arrêter; certaines en sont à leur troisième incendie ! L’angoisse est grande, Chacun craint le pire. Les premiers S.S. pénètrent dans Buron. Les combats sont féroces, les rafales de mitraillettes, les grenades, l’arme blanche, le corps à corps sauvage: tout est bon aux combattants : les Allemands, comme à Authie, ne sont pas tendres avec les habitants. Toutes les maisons sont nettoyées à la grenade ou à la rafale d’arme automatique, pas de quartier pour personne. Les portes sont enfoncées à coups de botte puis une grenade balancée dans la maison et, pour clôturer le tout, la rafale de mitraillette.

Les mitrailleurs du Cameron s’accrochent avec l’énergie du désespoir jusqu’à l’ultime moment où ils doivent décrocher ayant protégé jusqu’à la limite le repli des Novas Scotias. Cependant, l’appui de l’artillerie est dorénavant possible à son maximum; une contre-attaque est lancée par plusieurs chars des Sherbrooke. Les maisons explosent les unes après les autres, les murs s’ouvrent, se disloquent, s’écroulent sous les impacts des obus et sous la force des obus et la poussée des blindages des chars qui, lancés à grande vitesse, traversent les murs comme au chamboule-tout. Les pierres et les ardoises volent dans tous les sens. Bientôt, il ne reste plus un seul bâtiment intact. Les geysers des explosions et l’épaisseur d’un nuage suffocant, provoqué par les incendies, marqueront seuls à présent l’emplacement où se trouvait encore, quelques heures auparavant, un paisible village normand.

A la tombée du jour, les Canadiens décrochent enfin de Buron, ne laissant sur le terrain que les corps des camarades tués ou blessés durant le combat et des carcasses de chars, continuant à flamber en dégageant une odeur acre et une épaisse fumée noirâtre qui monte vers le ciel comme autant de colonnes.

Les survivants se replient sur les buissons ou autres unités de la 9e brigade Stormont Dundas-Glengarry Highlanders et Highland Light Infantry of Canada qui se sont retranchées entre-temps, formant à présent, avec le reste du North Nova Scotia Highlanders et les chars du Sherbrooke fusilier, une brigade forteresse.

Quoique Meyer ait prétendu par la suite que seule une pénurie de carburant et de munitions l’ait empêché de pousser son attaque jusqu’à la côte, nous ne sommes pas obligés de le prendre au sérieux. De fait, il a lui-même déclaré que, voyant de son poste élevé d’observation l’ennemi s’engager de plus en plus profondément dans les terres (sans doute, la progression du gros de la 9e brigade), il descendit de là et se rendit à motocyclette jusqu’au 3e bataillon pour ordonner à son commandant de ne pas poursuivre l’attaque du nord Buron.

Les Allemands n’occupèrent pas complètement le village ce soir-là, bien que les Canadiens en fussent retirés. Ils se retranchèrent sur une ligne partant du sud de Buron pour se rendre jusqu’au travers de Saint-Contest. Ce n’est, d’après les archives de Meyer, qu’à l’approche du soir du 8 juin qu’ils entrèrent de nouveau dans Buron. Les pertes subies ce jour-là par l’avant-garde de la 9e brigade ont été péniblement élevées. Le North Nova Scotia a subi 242 pertes, dont 84 mortelles et 128 prisonniers, le Sherbrooke 21 chars de combat plus 7 endommagés sévèrement avec une perte de 60 hommes dont 26 mortelles.

La force allemande subit également, à n’en pas douter, de lourdes pertes. Le Sherbrooke signale ce soir-là avoir détruit 31 chars ennemis. Meyer, pour sa part, qui certes n’eut pas exagéré ses propres pertes en chars, les chiffra à 6 environ.

Nous n’avons aucun chiffre sur les pertes de l’infanterie allemande, mais elles durent être considérables.

Cette contre-attaque du 7 juin est relatée par l’histoire officielle canadienne comme n’ayant pas engagé des effectifs assez importants pour exercer beaucoup d’effet sur la bataille de la tête de pont en général. La force de Meyer était trop faible pour accomplir notamment dans l’état où elle devait se trouver après les farouches combats autour d’Authie et de Buron. En fait, Meyer fut réduit à l’immobilité, mais avant d’en arriver là, il avait infligé une grave défaite locale à la 9e brigade. Il est heureux que le reste de la 12e PZ S.S. et la Panzer ne fussent pas encore arrivés sur les lieux pour exploiter son coup. Il rapporte également que le succès de Meyer à Authie avait été entaché par la répétition ce jour-là des atrocités brutales que la 12e PZ S.S. avait commises à l’encontre des prisonniers, en assassinant un grand nombre d’hommes après leur capture. Une enquête postérieure ordonna la possibilité d’intenter par la suite des poursuites contre Kun Meyer, notamment pour les massacres de l’abbaye d’Ardennes.

Les habitants vécurent alors trois jours d’enfer dans Buron repris par les Allemands, blottis dans les tranchées, manquant de tout, sous les feux des deux camps. Ils tinrent ainsi jusqu’au 11 juin, date à laquelle monsieur le Maire, monsieur le Curé Durenlot et mademoiselle Desgrange vinrent de Saint-Contest pour tenter de rassembler tout le monde et d’organiser le départ. Durant ces trois jours, de nombreux habitants ont payé de leur vie le prix de ce combat: monsieur Levergneux et monsieur Hergaux, froidement tués par les S.S. en tentant de rejoindre les lignes canadiennes; la fin tragique également de toute la famille Leboucher, tuée dans sa maison par un obus; et tous les autres dont l’histoire pourrait être relatée dans un ouvrage plus complet sur ces événements.

Ainsi donc, le 11 juin, la décision est prise d’évacuer Buron où l’existence et devenue impossible.

C’est au cours de la conversation décidant le départ des gens par petits groupes, menés par des responsables, qu’un tir serré d’obus commença à tomber sur la population. Le premier obus atteignit la vache de monsieur Juste qui, blessée, permit de subsister grâce à son lait. Puis, les explosions se multiplièrent autours des gens qui, d’un commun accord, prirent la résolution de se mettre à l’abri dans la tranchée la plus proche. Au moment d’atteindre le but, un obus tomba, tuant sur le coup monsieur Levergeois ; les éclats de son explosion arrachèrent le bras de monsieur Emile Lacour, le talon de monsieur Marie, le maire, et l’oeil de madame Chauamier. Les autres tombèrent pêle-mêle les uns sur les autres dans la tranchée. C’est alors que commence pour eux l’après-midi la plus tragique de leur présence dans Buron. Monsieur Marie se relève et court à cloche pieds en criant qu’il n’a plus de talon. Monsieur Lacour, le bras arraché partiellement, est sans connaissance. Les secours s’organisent. On pose des garrots pour arrêter l’hémorragie. Monsieur le Curé donne l’extrême onction aux morts et aux blessés. Un obus éclate à nouveau tout près. Une panique indescriptible s’empare de tout le monde. Au comble de l’épouvante, une vieille femme sort une bouteille d’eau bénite et en asperge tout le monde en hurlant que c’est la fin. L’abbé Doreniot, reprenant son sang froid, ordonne le départ, mais avant, donne à chacun l’absolution générale, ne cachant rien de la gravité de la situation, car, dit-il : « Il n’est plus très certain que nous arrivions tous à Bitot». En l’espace d’un quart d’heure, comme prévu, par petits groupes, les habitants se mettent en route, quittant Buron sans espoir d’y revenir avant longtemps. Certains prennent la route de la Dime, d’autres à travers champs et les derniers enfin, avec les personnes âgées prennent d’abord le chemin de la place puis la grande route; ne regardant plus les cadavres qui jonchent les bords du chemin, prenant la direction du calvaire de Saint-Contest, passant devant la maison de monsieur Levergeois, qui est en flammes. Ce départ est salué par les ricanements des jeunes PZ Grenadière S.S. et leurs railleries moqueuses : «Good Tommy, prima, prima ! »

Le premier regroupement s’effectue à la ferme de monsieur Cabourg à Bitot, lieu de ralliement fixé par l’abbé Dorenlot. Une heure plus tard, la ferme grouille de réfugiés de plusieurs hameaux de Saint-Contest. Un homme fut remarquable, selon les témoins de cette époque, monsieur Brindiger qui, avec sa voiture, parcourait depuis plusieurs jours les divers villages sinistrés pour porter secours et pour évacuer les grands blessés et même les mourants.

Au cours de tels événements, on voit ainsi parfois se dresser des hommes faisant une complète abnégation de leur propre sécurité pour porter secours à leur prochain.

Puis l’étape suivante fut la Maladrerie Venoix, et enfin, le département de l’Orne, Saint-Sylvain.

D’autres errèrent autour de Caen, dans la tourmente de la bataille.

Buron va connaître pendant un mois une activité fébrile. D’abord côté allemand, qui emploie son énergie à fortifier le village, renforçant les premières défenses de murailles percées, abritant des nids de mitrailleuses (MG 42), cela dans toute la partie nord et nord-ouest du village, surtout face à Villons et Cairon. Tout ce système est relié par un réseau de boyaux et de tranchées. Barbelés, champs de mines piégés en tout genre complètent le dispositif. Les Panzer Grenadière S.S. du 3e bataillon 25e Rgt PG S.S. tiennent ces positions renforcées, appuyés par les blindés du 7e Panzer Kampf Grup du 12e Rgt S.S. commandés par le Lt. Willy Kandler, sous les ordres du colonel Max Wunsche. Ces blindés, en général des PzKw 4, ont été répartis par Wunsche de la façon suivante : la 7e comme décrit plus haut et le 3e escadron, sous les ordres du capitaine Hans Siegel, tiennent Gruchy et les hauteurs de Rosel. Un autre escadron de chars « Panther », sous les ordres du S.S. Oberstur Furher Von Ribbentrop (fils du Ministre), est en formation, prêt à appuyer le cas échéant. Pour sa part, Saint-Contest est tenu par le 1er bataillon.

Dans le secteur de la 9e brigade d’infanterie, on projette toujours une attaque contre Buron. Mais elle ne fut jamais exécutée. Plus d’une fois, le HLI of C se prépara à lancer l’attaque, mais elle fut toujours ajournée.

Le 9 juin, un de ces plans d’attaque est contremandé parce qu’on estime le flanc de la brigade toujours trop exposé.

Le 11 juin, nouveau plan selon lequel, les Glengarrians occupent le village de Cairon le vieux et le HLI of C d’avancer sur Buron. Les « Glen » occupent dûment Cairon le vieux presque sans opposition, mais au moment où le HLI of C s’apprête à déclencher son attaque, il reçoit l’ordre d’ajourner, de sorte que Buron reste aux mains des Allemands.

Les combats se déroulent un mois de temps.

Principalement, combats de nuit, au cours de patrouilles de reconnaissances, donnant souvent lieu à de furieux et sanglants corps-à-corps.

La situation se fixe ainsi devant Caen, jusqu’au début juillet, répondant au plan initial de Montgommery, permettant ainsi l’avance américaine.

Les forces canadiennes et britanniques se sont grossies devant Caen, pendant tout le mois, en matériels nouveaux et en hommes, notamment l’arrivée sur le flanc droit canadien, de la toute fraîche 59e Staffordshire Division dont va dépendre la rude tâche de capturer Saint-Contest. Le potentiel ainsi acquis, permet de passer de la défensive à l’offensive; les Canadiens reparlent à l’assaut.

Avant la prise de Caen, la 3e division canadienne a la tâche d’enlever le village de Carpiquet et surtout le champ d’aviation voisin.

Répondant au nom de code « Windsor », l’attaque est lancée le 4 juillet, l’objectif étant solidement tenu par la 12’ PZ S.S.

Durant la première partie de cet assaut, une partie du Sherbrooke exécute une attaque de diversion, du côté gauche, vers le château de Saint-Loue Authie et Gruchy, manoeuvre qui inflige de lourdes pertes à l’ennemi. L’opération « Windsor » étant un succès, l’opération « Charnwood » est communiquée le 5 juillet. Son but est la capture de Caen, par une poussée vers le sud, jusqu’à une ligne partant du point chemin de fer Caen Bayeux jusqu’à l’Orne rivière. L’objectif ultime passe par Buron Authie Franqueville et Ardennes et se dirige vers le nord de Caen, quartier Saint-Germain-de-la-Blanche-Herbe, la Maladrerie. Trois divisions d’infanterie doivent participer à l’opération et marcher sur Caen en demi-cercle.

- la 3e division canadienne à droite ;

- la 59e division Staffordstiire au centre ;

- la 3e division britannique à gauche.

De nombreux canons de l’artillerie royale, un copieux bombardement de la Royal Navy et un gigantesque bombardement aérien sont prévus mais excluant toutefois les villages fortifiés devant Caen, confiés à l’artillerie.

L’attaque aérienne débute le 7juillet au soir.

Au matin, le 8 juillet, l’artillerie ouvre le feu.

656 canons ouvrent simultanément le feu, déclenchant un déluge sur Buron Authie Saint-Contest. Le S.S. Obersturmfurher (Lt.) Kandler, commandant le 7e Kampf Wagen Grup dans Buron, se trouve peu avant le matin à marcher au milieu de la route de Creully, au coeur du village, quand, arrivé à la hauteur de l’actuelle boulangerie, il entend des centaines de canons qui se mettent à aboyer en même temps ; puis, très vite, une quantité inouïe d’obus, telle une grosse pluie d’orage, se met à tomber alors un peu partout dans Buron. Le Lt. Kandler se précipite dans l’entrée d’une cave d’une maison existant à cet endroit à l’époque et il reste ainsi, littéralement plaqué au mur, sous la voûte de pierre, pendant une période qui lui parut une éternité, mais qui ne dut pas dépasser une heure. Le sentiment du vécu était selon lui l’apocalypse : tout tremblait, tout éclatait, tout explosait, presque la destruction finale. C’est croyant la fin du monde arrivée que l’artillerie cessa enfin de tirer. Il est à cet instant quasiment sourd. Cette concentration inimaginable d’artillerie contre le village est le prélude à l’assaut de la brigade. A droite, les Glengarrians attaquent Gruchy qu’ils occupent à 9 h 38. Au Vey, les compagnies du Hight lnfantry 0f Canada sont prêtes ; l’ordre est hurlé: « Nove Nooow... ! » Les compagnies de tête du HLI of C s’élancent à travers la plaine, derrière les blindés du Sherbrooke Fusiliers, avançant blindage contre blindage.

Soudainement, ils subissent un feu nourri d’artillerie et de mortier, plus les tirs saccadés des mitrailleuses. Elles engagent avec ardeur les positions du 25e PZ GDR S.S. en face du village et les démolissent au prix de sérieuses pertes, puis elles se frayent un chemin à travers la zone d’habitations. Les chars traversent les murs des jardins, défoncent les maisons, et roulent à vive allure dans Buron engagés par la riposte des PZ KW 4 de Kandler.

D’autres colonnes canadiennes descendent par à coup la route de Villons et se battent pour chaque pan de mur tenant encore debout. Les chars du 27e  régiment blindés ont été retardés par les champs de mines disposés devant le village.

Les premières troupes sont dans Buron à 8 h 30 mais la résistance dure toute la journée dans les décombres. De fait, les derniers survivants allemands n’en sont délogés que le 9 juillet au matin. Dans ce secteur, le 3e bataillon du 25. PZGD Rgt S.S. lutte avec acharnement. Les Canadiens ont l’impression que la garnison délogée de Gruchy est allée prêter main forte aux défenseurs de Buron. Le compagnie D du capitaine Vincent Stark sur la droite de Buron se fraye un chemin à travers les maisons et les vergers, traverse la route de Creully (actuelle rue d’Arromanches) puis se dirige vers le sud du village, vers leur objectif à atteindre. Plusieurs officiers sont mis hors d’action et il incombe alors aux sous-officiers de réorganiser le commandement de leur peloton. Le sergent A. Herchenratter se distingue dans cette tâche, pour sa part, avec le caporal Weitzel ce dernier, bien que déjà blessé, conduit sa section, réduite à deux hommes, contre plusieurs points de résistance et positions de mitrailleuses. Quand ses deux hommes furent mis hors combat, il continua de lutter, seul, contre ces positions et en détruisit bon nombre, avant d’être lui-même atteint par le feu d’une troisième mitrailleuse.

Pendant ce temps, la compagnie B du major H. Anderson connait de lourdes oppositions sur le flanc nord de Buron. Ils ont été amputés du support des chars dans le début de l’assaut, qui se sont empêtrés dans les champs de mines.

Le contact est enfin rétabli et la compagnie qui était bloquée devant Buron peut reprendre sa progression et pénétrer dans le village, se frayant un chemin dans la partie construite pour se diriger vers leur objectif, qui est le côté sud du village. Elle rencontre une très farouche opposition dans ce secteur de Buron, les pertes en hommes sont extrêmement lourdes. Cette attaque voit également tomber le capitaine Stark qui est tué dans le village. La compagnie du major Durnward avance à son mur vers le nord-ouest du village. L’investissement est complet ; toutefois, la situation est quelque peu confuse, car au nombre important des pertes déjà enregistrées, on compte un bon nombre de « signallers » • transmission et estafette qui sont pour beaucoup hors combat, tués ou blessés, Il en résulte une rupture presque complète des communications.

Pour effacer ce handicap, l’officier commandant, le Lt. colonel Griffiths, porte alors son groupe de commandement au coeur même du village et il envoie alors de nouvelles estafettes pour faire le point de la situation.

L’ennemi, pendant ce temps, continue de faire pleuvoir un feu très meurtrier sur le terrain, mettant à chaque instant la vie de chacun en danger.

Les différents rapports permettent d’établir alors que les pertes sont énormes, bien que le village soit pratiquement conquis. La compagnie D n’a plus qu’un officier et vingt hommes.

La compagnie B a poussé à travers tes vergers et continue d’y combattre ; elle ne possède que trente hommes et également un seul officier.

Le bilan est très lourd aussi pour les autres compagnies. Le Lt. colonel Griffiths décide, devant ce bilan désastreux, d’engager à fond toutes ses forces et de les porter en renfort des compagnies les plus exposées, et les plus éprouvées.

C’est durant cette réunion, qui se situe sur la place de la Mare, au PC du Lt. colonel Griffiths, qu’un obus tombe directement sur ce poste de commandement, blessant le Lt. colonel Griffiths, le major Durnward, major Hodgins et tuant le sergent Spark, seul le Lt.. Campbell échappe aux blessures.

Près de Buron, les Canadiens finissent par percer, le gros du 2e bataillon du 25. PZ PG S.S. Rgt redescend en catastrophe. Les Canadiens, eux, appuient l’assaut sur SaintContest.

Buron tombe enfin, puis Authie et Franqueville. Maintenant, seuls les Panthers (15) du S.S.. Ostuf Von Ribbentrop restent en position. « Panze Meyer », surnommé ainsi par ses hommes (Meyer le blindé), qui a remplacé entre temps le S.S. brigadfurher Witt tué à la tête de la division, veut absolument se rendre sur place. Les Panthers de Von Ribbentrop échangent coups de canons sur coups de canons avec les Shermans embusqués à Saint-Contest. Les tours vénérables de l’abbaye d’Ardennes ne sont plus que des « moignons ». Les vergers alentours sont complètement bouleversés. Il faut dégager Buron où le 3e bataillon du 25e PZ GDR Rgt. est en voie d’extermination. On rameute tous les chars disponibles mais c’est l’échec. Lourdes pertes de part et d’autre. Les tubes des Panthers de Von Ribbentrop sont maintenant dirigés sur les Shermans qui débouchent depuis Authie. Le général S.S. Kurt Meyer roule vers Cussy sur un Panther. Le repli vers le sud de Caen devient réellement nécessaire. L’Orne est franchie définitivement, le nord de la ville est maintenant aux mains des alliés. Précédés des voitures blindées du régiment de reconnaissance, le 17e Duke of Yorks Royal Canadian Hussar, les Stormont Dundas Olengarry Highlanders, avec les chars du Sherbrooke fusiliers regiment, sont les premières unités à pénétrer au coeur de Caen et à atteindre le pont de l’Orne ou ce qu’il en reste.

La première grande bataille de Caen est terminée.

Il ne subsiste à présent que les survivants, militaires ou civils qui errent dans les ruines fumantes et méconnaissables des villages tels que Buron, à la recherche du visage d’un ami, en se demandant encore comment on a bien pu en réchapper !

Bulletin municipal. Février 1994

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